On l’a vu précédemment, l’irruption d’internet et des réseaux sociaux dans nos vies et la généralisation des smartphones ont bouleversé l’information que nous consommons, le traitement qu’en font les journalistes et tous ceux qui s’inventent journalistes (les journalistes-citoyens, etc.). L’information de qualité se mélange de plus en plus souvent aux fake news, rumeurs et autres. C’est pourquoi, il est important pour les jeunes de savoir décrypter les informations, pour les journalistes de continuer à diffuser une information fiable et pour les réseaux sociaux de ne pas être l’outil de diffusion des fake news.
Du côté de l’Education nationale et des jeunes
Les jeunes sont ultra connectés, ils font une consommation importante des réseaux sociaux. Il est important qu’ils parviennent à distinguer une information vraie d’une fausse pour être des citoyens responsables.
Anne Cordier dans Grandir connectés montre que les adolescents consultent les sites d’information de la presse écrite, Le Monde, Le Parisien, l’Equipe mais que, le plus souvent, l’accès à l’information se fait de façon très large via les réseaux sociaux, You Tube, Facebook, et son fil d’actualité, Konbini. Selon elle, « nous sommes face à une génération qui s’informe peut-être bien plus que la précédente, qu’il n’y a pas de dégradation de l’information » mais une « nouvelle grammaire de l’information » à inventer.
L’éducation aux médias et à l’information, un enjeu fort
Qu’est-ce que l’éducation aux médias et à l’information (EMI) ?
Depuis 2013, le ministère de l’Education nationale a fait de l’éducation aux médias et à l’information (EMI) une de ses priorités. L’EMI fait partie de la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République et les compétences de l’EMI sont inscrites dans le socle commun de connaissances, de compétences et de culture. L’EMI est mise en place à l’école primaire, au collège et au lycée. Toutes les disciplines doivent y contribuer mais on le retrouve aussi dans les programmes d’EMC. Les textes officiels disent : “l’éducation aux médias et à l’information contribue à préparer les élèves d’aujourd’hui à devenir des citoyens de demain. Apprendre à chercher une information et à en identifier la source, comprendre les mécanismes de fabrication de l’information et de l’image, émettre soi-même de l’information, doivent permettre à chacun d’apprendre à exercer librement son jugement”.
Les textes officiels des programmes prévoient de renforcer les compétences des élèves dans ce domaine dès la classe de 5e. L’objectif est bien d’aider les jeunes à développer leur esprit critique, à démonter les théories du complot et à détecter les fake news. C’est un bon début mais que certains jugent encore insuffisant. Comme le dit Laurent Bigot, maître de conférence à l’école publique de journalisme de Tours : « cette question touche le cœur du fonctionnement d’une société démocratique. La meilleure des lois anti-fake news, c’est de faire de l’éducation aux médias dès le plus jeune âge. »
Quelques exemples de fake news qui circulent dans les établissements
Nous avons rencontré Anne-Marie Tourillon, qui est professeur d’histoire-géographie et IPR d’histoire-géographie sur l’académie de Créteil. Dans sa carrière, elle a vu circuler des fausses informations dans les établissements. Elle nous a cité quelques exemples :- L’attentat du World Trade Center le 11 septembre 2011 a été commandité par les Juifs.
- Défiance à l’encontre des médias et des paroles officielles institutionnelles (celles des politiques notamment), qui témoigne d’une crise de la citoyenneté.
Elle dit aussi : “Les évènements (attentats) tragiques de 2015 ont mis en lumière l’ampleur du phénomène du complotisme. Ce sujet est aujourd’hui un véritable défi pour l’école.
La théorie du complot circule principalement dans les lycées, particulièrement dans les établissements de banlieues défavorisées.
Des outils et ressources au service des enseignants
Selon Anne-Marie Tourillon, il n’est pas toujours facile pour les enseignants de décrypter les fausses informations et de raisonner des élèves qui font circuler des idées basées sur le complotisme. Il faut déjà parfaitement maîtriser les techniques de décryptage de l’information et “ne pas s’adonner à un discours descendant du professeur vers les élèves, mais fournir aux élèves un dossier documentaire ayant trait à la fausse nouvelle, en l’accompagnant d’une méthode de décryptage. Les élèves sont alors mis en situation de décrypter eux-mêmes la fausse nouvelle, et en groupes afin de favoriser le débat entre pairs”.
Il existe de nombreuses ressources pour aider les enseignants à faire de l’éducation aux médias et à l’information : Le Clemi.
Son rôle est de former les enseignants à l’EMI, de produire des ressources pédagogiques et de promouvoir une pratique citoyenne des médias à l’école, au collège et au lycée. Chaque année, il organise d’ailleurs la “Semaine de la presse et des médias à l’école”. Il produit aussi des fiches comme : “ Réagir face au complotisme en classe”, “Des fakes news aux multiples facettes”.
Le site Eduscol, qui, dans le cadre de l’Internet responsable, produit aussi des fiches.
Enfin, les enseignants peuvent faire appel à des intervenants extérieurs, experts de la théorie du complot, comme Gilles Képel, spécialiste du Moyen-Orient ou,au sujet du génocide des Juifs, au témoignage d’un déporté. Selon Anne-Marie Tourillon, “ les élèves sont très sensibles aux témoignages” et “très fiers lorsque des experts daignent se déplacer pour eux”.
Des précautions techniques à prendre du côté des jeunes
Les adolescents sont plus facilement que d’autres la cible de campagnes de désinformation : plus on accepte de contacts inconnus, plus on clique sur des informations bizarres et plus on en reçoit. Parce que les informations fausses ou truquées sont nombreuses sur les réseaux sociaux et qu’elles circulent au quotidien dans l’univers des adolescents, c’est aussi le rôle des parents de prévenir leurs enfants et de les informer. Il y a notamment des conseils techniques à leur donner pour les protéger : limiter la taille des réseaux de contacts, trier régulièrement ses contacts, ne pas cliquer de façon impulsive sur une vidéo, avoir conscience que cliquer amènera d’autres vidéos du même type, apprendre à détecter une retouche photo, découvrir la fonction « recherche inversée de l’image » sur Google, etc.

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