Web journalisme vs médias « classiques » : nouveau métier ? informations différentes ? autre modèle économique ?
L’irruption d’internet dans le monde de l’information a radicalement changé la façon dont les gens consomment l’information, comme on l’a vu plus haut, mais aussi la nature de l’information et la façon dont les journalistes travaillent. Le web journalisme introduit une nouvelle façon d’écrire et de traiter l’information.

Le web journaliste, un nouveau journaliste
Avec internet, arrivent de nouvelles rédactions au sein des journaux papiers, pour alimenter les sites d’information qui se lancent à la fin des années 1990-1995 pour le monde.fr, en 1999 pour le nouvelobs.fr. Ces nouvelles rédactions observent de nouvelles règles et de nouveaux commandements.
A l’intérieur des salles de rédaction internet, les jeunes journalistes sont branchés au fil des agences de presse. Leur rôle est désormais d’organiser, de réécrire, de hiérarchiser, de titrer, de chapôter et de trouver une illustration. Ils ne cherchent pas l’information, ils la rendent intelligible. Rarement sur le terrain, les webjournalistes créent peu de contenus par eux-mêmes mais ils en font circuler beaucoup.
décrit le chercheur Yannick Estienne dans Le journalisme après internet. Ce n’est plus un vrai travail d’écriture ou de production d’articles.
L’essentiel du travail d’éditorialisation du journaliste web consiste à sélectionner et à hiérarchiser l’information fournie par les agences de presse
décrit le chercheur Yannick Estienne dans Le journalisme après internet. Ce n’est plus un vrai travail d’écriture ou de production d’articles.
L’information sur internet, une nouvelle façon d’écrire
Le support internet change aussi la manière d’écrire, de titrer, de légender, de mettre en page et d’illustrer. L’écriture web n’est pas la même que l’écriture papier. Il faut écrire plus court, plus accrocheur car il faut retenir l’internaute qui n’a plus le temps de lire. Les informations sur internet sont courtes, structurés en petits paragraphes, concrètes. Le web journaliste doit donc écrire concis, contextualiser, utiliser l’hypertexte mais il doit aussi s’assurer que son article sera bien référencé dans les moteurs de recherche : il doit donc placer des mots-clés, penser multimédia et dynamique.
Enfin, le web journaliste doit être très rapide ; il en vient presque à décrire les événements pendant qu’ils se déroulent. Il y a une vraie course à l’information qui privilégie plutôt l’émotion et les réactions plutôt que l’analyse.
explique Marc Louvain dans L’information à l’heure numérique
Actuellement, pour la plupart des journalistes, le sommet de l’information consiste à couvrir l’événement pendant qu’il se produit, parfois avant qu’il ne se produise
explique Marc Louvain dans L’information à l’heure numérique
Une utilisation des réseaux sociaux qui se professionnalise chez les journalistes
Ces dernières années, l’utilisation des réseaux sociaux chez les journalistes s’est démocratisée de plus en plus, les plus jeunes d’entre eux y étant largement présents. Selon une étude menée par l’Observatoire du web journalisme en 2012, ils sont 40 % à juger les réseaux sociaux indispensables pour leur métier. Et la transition vers le numérique s’accélère puisque en 2014, selon une étude menée par ING auprès des journalistes du monde entier, 56 % se disent incapables de travailler sans les réseaux sociaux et 72 % estiment que leur présence sur les réseaux sociaux améliore leurs performances en tant que journalistes.
On peut penser que les nouveaux médias et les anciens, que les web journalistes et les journalistes « classiques » en sont pas opposables mais complémentaires. Les nouveaux diffusent des informations non traitées, les anciens relaient et traitent avant d’informer. Quoiqu'il en soit, le rôle des journalistes est essentiel. Face à l'infobésité que subissent les internautes, le journaliste se doit de filtrer, organiser, hiérarchiser les données, pour rendre l'actualité plus accessible. Il est un gage de qualité de l'information grâce à ses réflexes d'analyse, de recul et de critique.
Comment lire sur écran ?
Sur écran, la lecture n’est plus linéaire mais fragmentée. On va de texte en texte, on lit davantage mais de façon fractionnée. La lecture n’est plus solitaire ; elle se fait dans la communication (Twitter, etc.). Cela implique qu’il faut avoir de nouvelles capacités d’orientation, de contextualisation (d’où vient ce texte ?) et de hiérarchisation (les informations y sont diverses, d’un article sérieux à un tweet rapide).
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